Les brèves

Transformation écologique et sociale des entreprises, l’heure de l’entrepreneuriat engagé en Occitanie

Avec l’ambition de devenir la première Région à économie engagée, l’Occitanie veut permettre à 50% des entreprises régionales d’initier une démarche de transformation écologique et sociale.

Un mouvement qui s’inscrit dans la continuité du secteur de l’économie sociale et solidaire qui a posé les bases d’activités conciliant performance, gouvernance démocratique et utilité collective.

La scop Ethiquable a fêté ses 20 ans en 2023 et illustre le succès de l’ESS

Crédits : DR

Pendant longtemps l’économie sociale et solidaire (ESS) et l’économie avançaient dans des couloirs parallèles.
Une vision un peu binaire : « l’économie » d’un côté, l’ESS de l’autre… Et puis la crise climatique, le besoin de répondre aux problématiques des territoires, la nécessité de créer des emplois non délocalisables et la volonté des individus de donner plus de sens à leur travail ont changé la donne.
Si bien que 10 ans tout juste après la loi ESS, les principes de l’économie sociale et solidaire se diffusent de plus en plus largement.

En Occitanie, l’ESS représente même une composante essentielle de l’économie régionale. Selon les chiffres 2023 de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (CRESS), l’Occitanie compte 20 600 établissements employeurs de l’ESS - soit 9,8% des établissements -, 235 700 salariés qui représentent 11,8% des emplois salariés et 5,8 milliards d’euros de rémunérations brutes.

Ces établissements qui font le pari d’allier utilité collective, impact social et environnemental et réussite économique se trouvent majoritairement sous forme associative ou coopérative, mais aussi sous forme d’entreprise « classique » dès lors que les valeurs de l’ESS sont consignées dans les statuts de l’entreprise et mises en œuvre au quotidien.

Des réussites exemplaires

Parmi les grandes réussites régionales de l’ESS ou plus largement de l’entrepreneuriat engagé, l’entreprise Ethiquable fait figure d’acteur historique.

La société coopérative de production (scop) créée en 2003 a contribué à faire émerger le commerce équitable dans les rayons des supermarchés. Et surtout elle a montré qu’une activité en scop pouvait être profitable – autour de 73 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022 -, indépendante puisqu’elle appartient à 130 de ses 165 salariés et ancrée dans son territoire, le Gers.

Aujourd’hui de nombreuses entreprises dans de très divers secteurs font également leurs preuves. Citons par exemple Boost, startup de Sète qui prend le contrepied d’Amazon en proposant des solutions logistiques aux marques e-commerce éthiques et responsables elles-mêmes sensibles aux enjeux sociaux et environnementaux.
Comme son concurrent américain, Boost propose la réception des marchandises, la mise en stock, la réception des commandes et l’expédition mais la différence d’approche est majeure car l’entreprise aligne qualité de service et impact social et environnemental : colis réutilisables et éco-responsables, énergie d’origine renouvelable dans ses entrepôts, recrutement dans les quartiers prioritaires et souci de la qualité de vie au travail.
Parmi les autres réussites régionales de l’ESS, Enercop, réseau de coopératives qui depuis 2005 tient la promesse de fournir à ses clients une électricité 100 % renouvelable en s’approvisionnant directement auprès de producteurs locaux d’électricité hydraulique, solaire, éolienne et biomasse.

En plus de cette activité, la « coopérative à lucrativité limitée » instaure une gouvernance partagée sur les principes de la sociocratie avec une semaine de 4 jours, et un écart de salaires limité.

Autre exemple plus récent : la transformation de l’entreprise familiale Procéram en scop. Evitant la liquidation, les salariés ont créé Collectif Carrelage avec un nouveau projet d’entreprise et la sauvegarde d’une trentaine d’emplois.

Incitations et autodiagnostic

Tous ces exemples montrent l’efficacité et la pertinence économique de l’entrepreneuriat engagé, un mouvement destiné à se diffuser dans toutes les sphères économiques.

En Occitanie, l’ESS est désormais intégré au Schéma régional de développement économique d’innovation et d’internationalisation, avec l’ambition de permettre à 50% des entreprises du territoire d’initier une démarche de transformation d’ici à 2028.
Un parcours d’accompagnement personnalisé est mis en place ainsi que la mise à disposition de l’autodiagnostic Impact Score, outil national développé avec le Mouvement Impact France en lien avec 30 réseaux partenaires. Cet autodiagnostic permet à une entreprise d’évaluer son impact selon trois piliers : la limitation des impacts négatifs (égalité hommes-femmes, politique de recrutement inclusif, réduction de l’empreinte carbone, économie locale et circulaire), le partage de la valeur et du pouvoir (place des parties prenantes dans la gouvernance, formation et progression des salariés, écarts de rémunération, qualité de vie au travail) et la stratégie à impact positif (finalité sociétale de l’entreprise, politique d’achats durables et inclusifs, labels et certifications).

Pour sensibiliser aux problématiques de la transformation, une tournée départementale est en cours comme l’explique Céline Combe, responsable du Service Économie Sociale et Solidaire de la Région Occitanie : Intitulée « Passez en Mode Dév Eco ! », cette initiative permet d’échanger sur les arbitrages que font les entreprises. On a tendance à considérer la transformation comme une contrainte or elle constitue un véritable effet de levier. À un moment où il est si difficile de recruter, les entreprises qui engagent des transformations sortent du lot et sont beaucoup plus attractives. »